Pierre Mac Orlan à la Vieille grille

Le 5-3-2016 : Chansons de charme pour situations difficiles, de Pierre Mac Orlan, est un spectacle joué à la Vieille Grille du 17 au 25 mars, jeudi, vendredi, samedi,
 lundi, mardi, mercredi à 20h 30, dimanche à 17h. Mac Orlan dont les livres, L’Ancre de Miséricorde, Le Quai des brumes, restent des succès du livre de poche Folio. Un événement lui a donné un supplément de postérité en 2013 : Claudine Brelet publiait des entretiens qu’elle avait effectués en 1969 et 1970, année de la mort de l’écrivain, et sortait enfin de leurs bandes magnétiques oubliées un beau livre (Au seuil du Grand Voyage, entretiens inédits de Claudine Brelet avec Pierre Mac Orlan, Les Editions de Paris-Max Chaleil, 2014). La voix de Mac Orlan renaissait alors, saisie au plus vif, dans sa vérité gouailleuse et littéraire, lourde d’un passé que les mots arrachaient à la pénombre du temps qui passe et riche de points de vue d’un homme singulier. Ce livre a passionné Anne Quesemand, co-directrice avec Laurent Berman de la Vieille Grille. Elle vient d’en faire un spectacle, dont on espère qu’il aura une carrière ultérieure tant il correspond à notre gourmandise d’un passé sublimé par la poésie. Dans un décor de salle de café, dont l’arrière-plan peut se transformer en une sorte de castelet où peuvent surgir des images et toutes sortes de gros plans, Mac Orlan lui-même se raconte et s’adresse à une Claudine Brelet invisible et à quelques passants sortis des œuvres et de l’époque du romancier. Une chanteuse, Charlotte Poupon, fait entendre certains des chants que Mac Orlan appelait ses mémoires : instantanés qui respirent la rue, le bouge, la vie de garnison, et qui sont saisissants d’émotion. Les portes sur l’autrefois s’entrouvrent et s’ouvrent. Le texte du spectacle nous rappelle que le « quai des brumes » n’était pas un quai du Havre, comme dans l’adaptation cinématographique de Prévert et Carné, mais tout simplement Montmartre, noyé dans son brouillard et sa nuit glauques. Voilà, peint avec raffinement, avec un rare souci du détail et de la nuance, le véritable quai des brumes : la Butte d’un poète au cœur voilé. Pierre Mac Orlan auquel nous consacrons une page d’anthologie.

 

Publié le : 
05 Mars 2016
Auteur : 
Jérôme Huet
Source(s) : 
Spectacle