La note sensible

Pour la gamme de Do, la note sensible, ou « la sensible », est le Si – un demi-ton en montant avant le Do, que ce soit dans les gammes de do majeur et do mineur (note sensible à laquelle a été consacré un roman de ce nom par Valentine Goby). C’est le septième degré d'une gamme, quel que soit le mode — majeur ou mineur — ce degré étant toujours situé une septième majeure au-dessus du degré principal, la tonique, soit, une seconde mineure — un demi-ton diatonique. La sensible est donc caractéristique du système tonal. A cause de la proximité de la tonique — un demi-ton diatonique —, la sensible a un caractère instable : elle est mélodiquement attirée par le premier degré, la dominante. Elle est employée presque systématiquement depuis le XVe siècle. Antérieurement, la religion catholique lui livra une guerre sourde, comme étant une note lascive tout juste bonne à orner les musiques populaires : « Au même titre que la gamme teintée de chromatisme, les demi-tons qui, cédant à l’attraction d’un degré voisin, se laissaient séduire par lui et tombaient dans ses bras dès qu’ils le rencontraient, rentraient dans la catégories dans catégories des fréquentations dangereuses. La tendre « sensible », avec sa féminine propension à l’abandon et à la chute, était systématiquement exclue du plain chant. Et l’impur intervalle de « triton » où l’on trouvait réunies deux de ces notes effrontées qui ne savaient pas garder leurs distance était appelé Diabolus in musica et frappé d’excommunication majeure » (E. Vuillermoz, Histoire de la musique, complété par J. Lonchampt, Fayart, Poche, 1973, p. 32). D’où le fait que dans la dénomination des notes par Guido d’Arezzo, de Ut à La, on ne trouve pas de nom pour le SI, qui finalement devra tirer son appellation de Saint Jean-Sanctus Johannus, (S de Saint et J  de Jean, J étant semblable à I à l’époque) qu’on lit dans la dernière phrase du psaume utilisé. La crainte que l’église a eue envers les instruments de musique à une époque (crainte qui lui faisait préférer le voix) était liée au fait qu’ils permettaient le « chromatisme » (les demi-tons).  Or, « le chromatisme, avec sa dangereuse langueur et sa caressante souplesse, demeurait une invitation sournoise à la concupiscence. La musique instrumentale était donc bien une école de la sensualité. Le caractère libertin d’un pareil langage, même lorsqu’il se bornait à s’associer à la voix humaine, ne pouvait trouver grâce devant les autorités ecclésiastiques » (E. Vuillermoz, Histoire de la musique, complétée par J. Lonchampt, Fayart, Poche, 1973, p. 18).

Publié le : 
20 Juin 2016
Auteur de l'article : 
Jérôme Huet
Source(s) : 
Wikipedia et Divers