Juliette Greco

Née en 1927 à Montpellier (France), Juliette Gréco est une chanteuse et actrice française. Figure emblématique de la chanson française à textes, elle est notamment célèbre pour avoir été interprète d'auteurs tels que, notamment, Raymond Queneau, Jacques Prévert, Léo Ferré, Boris Vian et Serge Gainsbourg. Venant d'un père d'origine corse, commissaire de la police des jeux, et d'une mère bordelaise, Juliette est élevée avec sa sœur aînée Charlotte par ses grands-parents maternels. Leur mère les rejoint en 1933 et emmène les deux filles à Paris. Passionnée de danse, Juliette, en 1939, est petit rat à l'Opéra Garnier. La guerre ayant éclaté, la famille retourne dans le sud-ouest de la France, en Dordogne. La mère participe à une filière d'évasion vers l'Espagne et Gibraltar via Bordeaux et est arrêtée en 1943. Les deux sœurs s'enfuient par le premier train pour Paris, mais sont suivies par un agent de la Gestapo ; puis, elles sont capturées place de la Madeleine et emmenées au siège de la Gestapo, 80 avenue Foch, où Charlotte est torturée, Juliette violemment battue ; mais celle ci auparavant a réussi, en se rendant aux toilettes, à jeter les documents compromettants que sa sœur, agent de liaison, transportait pour la Résistance. Elles sont emprisonnées à la maison d'arrêt de Fresnes. La mère et la sœur aînée sont déportées à Ravensbrück, où elles se retrouvent dans le même block que Denise Jacob, rejointes en février 1944 par Geneviève de Gaulle-Anthonioz. Elles en reviendront, après la libération du camp par l'Armée rouge, le 30 avril 1945. De son côté, en raison de son jeune âge, Juliette est libérée, mais elle se retrouve seule et sans ressources à Paris. Elle se rend alors chez une seule personne de sa connaissance résidant dans la capitale, Hélène Duc, qui a été, avant la guerre, son professeur de français. L'adolescente y est logée et prise en charge. Elle s'habille des vêtements des garçons de la maison, les seuls disponibles, et d'une paire de chaussures donnée par une amie d'Hélène Duc, Alice Sapritch. Le quartier Saint-Germain-des-Prés est à deux pas de là et, en 1945, Juliette découvre le bouillonnement intellectuel de la rive gauche et la vie politique à travers les Jeunesses communistes. Hélène Duc l'envoie suivre des cours d'art dramatique. Juliette décroche quelques rôles au théâtre et travaille sur une émission de radio consacrée à la poésie. Elle noue des relations amicales avec de jeunes artistes et intellectuels du quartier de Saint-Germain-des-Prés, dont Anne-Marie Cazalis et Boris Vian. Jean-Paul Sartre lui permet de s'installer à l'hôtel La Louisiane où il réside : elle vit dans la chambre 10, la seule qui a une baignoire avec de l'eau chaude. Elle y vit une romance avec un autre locataire, celui de la chambre 76, le musicien Miles Davis. Dans l'un des établissements de la rue Dauphine, Le Tabou, elle découvre par hasard grâce à son manteau qu'elle avait posé sur la rampe et qui était tombé en bas d'un escalier, que celui-ci dispose d'une grande cave voûtée inutilisée que le patron appelle « le tunnel ». Juliette et ses amis y trouvent l'endroit idéal pour y faire de la musique et danser tout en discutant de philosophie. Il suffit d'une semaine pour que les curieux viennent en nombre pour observer cette nouvelle et bizarre faune baptisée « existentialistes », d’un nom rendu célèbre par Jean-Paul Sartre. Juliette, devenue la muse de Saint-Germain-des-Prés sans avoir rien accompli de probant, décide alors de justifier sa célébrité en optant pour la chanson. Jean-Paul Sartre lui confie une sorte de mélopée qu'il a écrite pour sa pièce de théâtre Huis clos et lui conseille d'aller voir le compositeur Joseph Kosma pour que celui-ci en réécrive la musique qu'il ne trouvait pas réussie. C'est ainsi que Juliette interprète la chanson « Rue des Blancs-Manteaux ». On l’écoute sur YouTube dans « Si tu t’imagines », un poème de Raymond Queneau mis en musique par Joseph Kosma à l’initiative de Jean-Paul Sartre, qui fut un de ses succès :

https://www.youtube.com/watch?v=RKKFGedanjU

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