Ils ont tué mon disque

Dans l’ouvrage de Benjamin Petrover, intitulé Ils ont tué mon disque, on trouve illustrée de nombreux interviews et, surtout, l’histoire du lent déclin du vinyle puis du CD, puis du téléchargement, à cause du streaming gratuit ou payant (éd. First Document, 2015)… On lit notamment l’interview de Alain Chamfort, licencié de EMI en 2003, puis les recommandations de l’auteur pour qui « le code a changé » (p. 247). Tout en constatant que « le marché du disque enregistré a perdu 62% de sa valeur » entre 2003 et 2013 (p. 239) et qu’en dix ans « le paysage phonographique est passé de cinq à trois majors » (p. 244), il salue l’intelligence de ceux qui ont su « faire appel aux internautes pour participer au financement des albums » (p. 246, et V. notre article sur Capdevielle) et le service de Zimbalam « qui permet la mise en ligne quasi-instantanée de chansons ou albums entiers sur toutes les plateformes d’écoute » (p. 246) ; il souligne que pour un artiste « il n’a jamais été aussi facile de créer, produire et diffuser sa musique » (p. 247) et que « jamais le public n’a été aussi vaste… avec la mondialisation des contenus » (p. 248), puis il suggère que le « nouveau rôle des maisons de disque » n’est plus de produire mais de « faire exister » un artiste, au besoin par des passages en radio, des concerts, des partenariats (p. 248-9), que « le mot… développement à 360°… est sur toutes les lèvres » (p. 249), que les maisons d’enregistrement doivent « se diversifier » (p. 250), en ces jours où « l’image semble autant compter que la musique » (p. 251, et de citer Stromae, qui peaufine ses sketchs en amont et a monté une marque de vêtements en aval), même si certains s’insurgent contre ce dilemme « faire les bouffons ou faire de la musique ? » (p. 252) ; et il salue la « santé insolente » du « secteur du spectacle de variétés et des musiques actuelles » qui témoigne ainsi du fait que la musique se porte bien, « très bien » même (p. 255)... A lire absolument.

Publié le : 
01 Février 2016
Auteur de l'article : 
Jérôme Huet
Source(s) : 
Le livre