Blue note

Label de jazz fondé en 1939 à New York par Alfred Lion (1909-1987) et Max Margulis (1907-1996), Blue Note appartient aujourd'hui au groupe EMI. Il a marqué son temps, à tel point qu’est sorti sur le marché un triple CD retraçant, dans un coffret unique de trois galettes, son aventure de 1939 à 2009 : 70 ans, et la couverture de l’album est naturellement… bleue. On y constate que son histoire a commencé avec des enregistrements de BoogieWoogie (par Albert Ammons), de Sidney Bechet et de Thelonious Monk. Le nom du label provient naturellement de la « note bleue » caractéristique du blues, puis du jazz. Alfred Lion, juif allemand, avait émigré aux États-Unis à cause de l'arrivée au pouvoir d'Hitler. Il s'associa d'abord à l'écrivain Max Margulis, qui finança les débuts du label, mais qui le quitta au milieu des années 1940. Le photographe Francis Wolff (1907-1971), également juif allemand ayant fui le nazisme et ami de Lion, rejoignit Blue Note. Ce label est principalement associé au style hard bop, qu'il a grandement contribué à développer dans les années 50, bien qu'il ait publié des disques dans presque tous les genres de jazz. Horace Silver, Jimmy Smith et Art Blakey sont les musiciens les plus liés au label, mais Blue Note a enregistré presque tous les jazzmen importants de l'après-guerre, et notamment plusieurs "classiques" de Jimmy Smith, Clifford Brown, Miles Davis, Lou Donaldson, Dexter Gordon, Johnny Griffin, Herbie Hancock, Freddie Hubbard, Grant Green, Jay Jay Johnson, Thelonious Monk, Bud Powell, Max Roach, Sonny Rollins ou Wayne Shorter. Les musiciens pouvaient boire de l’alcool pendant les sessions d’enregistrement et celles-ci se passaient souvent aux premières heures du matin après l’apparition des joueurs dans les clubs et autres lieux de spectacle. Le label eut rapidement la réputation de traiter fort bien les artistes, leur permettant de s’impliquer à tous les stades de la production de leur disque. Blue Note a longtemps été autonome et Alfred Lion enregistrait selon son goût personnel. Il fallait seulement avoir du swing ou du groove et garder le sentiment du « blues ». Quant à Francis Wolff, il réalisait les photographies pour les pochettes des disques. À partir de 1956, le graphiste Reid Miles contribua également à fixer l'identité visuelle de Blue Note, grâce à ses pochettes d'un style marqué : le graphisme des disques de la marque ont longtemps été de grande qualité (So Jazz, août-septembre 2011, p. 24). De 1952 à la fin des années 1970, presque tous les albums de Blue Note furent enregistrés par l’ingénieur de son Rudy Van Gelder, qui leur a donné un son extrêmement profond et pur. On doit également à Van Gelder, depuis 1999, la remastérisation en CD 24 bits de plusieurs des albums les plus classiques du label. Dans les années 1950 et 1960, le label avait comme particularité, parmi les étiquettes indépendantes, de financer les répétitions des musiciens en vue des enregistrements. Ce fait explique pour une part la richesse de son catalogue (qui en fit le plus célèbre des labels indépendants dédiés au jazz), de même que le caractère distinctif de ce qu’il est convenu d’appeler le « son Blue Note ». Ce son se distingue de celui des « jam sessions » impromptus qui étaient presque la norme sur disque à l’époque. Suite à la retraite d’Alfred Lion en 1967 et à la mort de Francis Wolff en 1971, le label entre dans une période, caractérisée par des projets à visées essentiellement commerciales, qui le mènent à sa dissolution en 1981. Il est toutefois ressuscité en 1984 par Bruce Lundvall, qui confie alors le vaste travail de réédition des archives du label à Michael Cuscuna. Ce dernier s’était déjà lancé, à partir de 1975, dans une entreprise d’édition des inédits de Blue Note, notamment sur l’étiquette qu’il avait fondée, Mosaic Records. Blue Note avait en effet accumulé, depuis sa fondation, nombre d’enregistrements de grand intérêt qui, par manque de temps ou d’argent, n’avaient jamais été commercialisés. Dans la seconde moitié des années 1980, d'anciens artistes reviennent chez Blue Note, et de jeunes artistes prometteurs rejoignent le label. Aujourd'hui, Blue Note met en avant des chanteuses comme Cassandra Wilson ou Norah Jones et n'hésite pas à élargir son répertoire en signant des artistes soul ou folk à l'instar de Amos Lee, Raul Midón ou Keren Ann ; ou encore le rappeur Oxmo Puccino. Claude Nougaro fut le premier chanteur français à enregistrer sur le label, à l'occasion de son disque posthume « La Note Bleue », sorti en septembre 2004.

 Adaptation, impressions : Jérôme Huet/Information, principaux faits : Wikipedia, et So Jazz, août-septembre 2011, p. 18 s.

Publié le : 
10 Avril 2016
Auteur de l'article : 
Jérôme Huet
Source(s) : 
Divers