Chanson francophone

Des quotas de diffusion de chanson francophone s’imposent aux radios musicales et cela depuis une loi du 1er février 1994 – dite loi « Carignon » –  qui a prévu à l’article 28 de la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication que ces radios devraient diffuser, à compter du 1er janvier 1996, au sein de leur temps d’antenne consacré à la musique de variétés, 40 % d’œuvres musicales créées ou interprétées par des auteurs et artistes français ou francophones et, sur ce quota, 20 % de nouveaux talents ou de nouvelles productions. Ces textes datent du temps du transistor et du Minitel, bien avant l’internet. Vingt ans plus tard, cette mise sous tutelle artistique des radios musicales n'est clairement plus adaptée au mode de consommation de la musique et à la concurrences. Le CSA – conseil supérieur de l’audiovisuel –  avait d’ailleurs depuis longtemps préconisé de réformer le système. Or il y a quelques jours, dans le cadre de la loi Liberté de Création, les parlementaires de la Commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale ont adopté un amendement assurant une plus grande diversité dans l’exposition musicale à la radio et ont voté un contrôle renforcé du Parlement sur l’action du CSA pour faire respecter les dispositions relatives à la diffusion de chanson française. Selon ce texte, lorsque plus de la moitié des œuvres françaises diffusées se concentre sur dix titres, les passages intervenant au-delà de ce seuil ne seraient plus comptabilisés pour les calculs de respect des quotas de chansons françaises. La quarantaine de députés qui a signé l’amendement juge que l’exposition de la musique francophone en radio n’a cessé de se dégrader. Mais les patrons de radios ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, cette mesure porte gravement atteinte à la liberté éditoriale de leurs stations. Dans une lettre ouverte, ils considèrent que ce texte n’est pas dicté par un souci de défense de la chanson française, mais par « des intérêts… de l’industrie du disque qui cherche à détourner les auditeurs de leurs radios gratuites pour les diriger vers des plates-formes payantes et dont ils sont, pour les plus importants d’entre eux, par ailleurs actionnaires ». Et les radios se plaignent de la concurrence de services comme Spotify ou Deezer qui ne sont soumis à aucune règle de quota.

Publié le : 
27 Septembre 2015
Auteur : 
Jerome Huet
Source(s) : 
Wikipedia, Le Monde